Nichita stanescu : « Au nord du nord ».
Et même ce qui n’existe pas peut mourir,
pareil à la vie d’un animal boréal
dont nous n’avons jamais su
de quoi était fait l’état crépusculaire.
Il apparaissait parfois
dans ta manière de marcher,
mais j’étais trop somnolent pour le voir.
Parfois il chantait dans tes yeux
lorsque tu regardais à travers moi
vers mon adolescence.
Il prolongeait parfois ta main.
Ajoutait à ton parfum
l’odeur suave de la décomposition
d’un squelette de flocon de neige.
Jamais je n’ai senti sa présence,
même pas en ce moment
où, glacé, je suis du coup solidaire
de tout ce qui n’existe pas.
Hélas, même ce qui n’existe pas peut mourir.
Les non-mots et autres poèmes, éditions Textuels, 2005, p.134.